ArTerre

 

 

La céramique

 

  

             En 1997, Yves Boujot s’essaie au modelage de l’argile. Dans un premier temps, les teintes rouge et blanche de cette matière l’amènent à réaliser des jeux d’échecs aux styles divers. Sur de grandes tables en mélèze ou sur de petits plateaux d’argile évoluent des pièces à jouer d’une grande finesse. Des cavaliers devenus fauves, des pions à figure humaine ou animale, ainsi que des rois et des reines aux costumes excentriques sont entourés de décors oniriques aux accents médiévaux.

                    Peu à peu, le travail de la terre devient indispensable et Yves Boujot abandonne définitivement la peinture. Ses nouvelles créations ne sont cependant pas sans rappeler ses anciennes productions picturales. Un univers sombre et tourmenté caractérise toujours ses sculptures (« Deux frères ») et ses tableaux de terre cuite (« Arbre avec curés et charognes »). Les références mythologiques et bibliques, déjà présentes dans sa peinture, se multiplient au contact de la terre. Ainsi, le paradis de la Genèse et son couple originel prennent la forme de « tableaux » et de bustes, la tour de Babel inspire les « vaudous » et les tours des échiquiers, tandis que les centaures, les ilotes et les golems prennent vie sous la forme de sculptures.

                    De même, certains motifs comme les chaises, les échelles et les cycles, qui apparaissaient comme les prolongements de corps humains torturés au sein de certains tableaux, ont aussi conservé leurs rôles. Les cités cataclysmiques, dont s’inspirent les décors des échiquiers, deviennent les éléments de colonnes ou de tryptiques, dans lesquels se perdent des escaliers et des échafaudages sans fin.

                Dans ce monde d’argile, l’artiste incorpore aussi des matériaux étrangers et mixtes.  Ainsi, certaines pièces sont assemblées avec du fil de lin, d’autres reposent sur des socles en bois ou bien sont maintenues par des structures en fer. L’acier brut, dont le gris anthracite réhausse la teinte ocre de la terre, reste néanmoins le plus sollicité : des cadres massifs participent au caractère imposant de certains volumes (« Babel »), des plaques nues viennent casser le rythme donné par le foisonnement de divers éléments en argile (« Vaudou »), ou encore, de fines ossatures apportent souplesse et légèreté à des créations hissées en apesanteur (« Un moment de bonheur »).

                Sans jamais tomber dans la monotonie, Yves Boujot a su créer un univers complexe et personnel, dont les pièces – tantôt figuratives, tantôt abstraites – sont toujours ornées de références picturales et littéraires. Son goût pour le fourmillement de détails et les éléments cachés nous amène à redécouvrir inlassablement des créations dont le mystère ne peut être levé.

 

Camille B.

 

 

 

 

 



09/07/2010
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